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16/10/2013

Selon Anne Lauvergeon, empêcher le gaz de schiste serait "un crime contre l'esprit"

Diable ! le lobby devient inquisiteur :

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en est-on sur le front du gaz ? Le 11 octobre, contre toute attente, le Conseil constitutionnel a reconnu que la loi interdisant la fracturation hydraulique, seule méthode d'exploitation du gaz et du pétrole de schiste, était conforme à la Constitution. Mais personne n'est dupe : c'est un appel aux députés pour qu'ils modifient la loi. Car la balle est toujours dans le camp du lobby pétro-gazier, qui reste à l'offensive. Dernier tir en date : la proclamation d'Anne Lauvergeon, le 13 octobre, selon laquelle renoncer au gaz de schiste serait « un crime contre l'esprit ». (On sait désormais ce que Mme Lauvergeon nomme « esprit »).

La situation est bien résumée dans le numéro d'octobre de Terra Eco : « C'est du poker menteur. Les industriels prétendent ne plus chercher de gaz de schiste, le gouvernement dit ne pas vouloir leur exploitation. Sauf que tout prouve le contraire... »

En effet, et malgré l'interdiction de l'exploitation du gaz de schiste (loi Jacob de juillet 2011) :

- sur les seize permis de recherches accordés en coulisses par le ministre Borloo, trois seulement ont été abrogés ;

- un forage pétrolier en grande profondeur a notamment été entrepris en août 2013 à Jouarre (Seine-et-Marne)par la société américaine Hess Oil : forage qui « remplit toutes les conditions d'une exploration d'hydrocarbures de schiste », constatent les experts ;

- mêmes forages « exploratoires » dans le Jura, par le britannique Celtique Energie ; ou dans le Gard, par le suisse MouvOil... Chaque forage coûtant plus de 10 millions d'euros, ces sociétés ne font pas ça au hasard. Elles investissent dans l'irréversible, comptant passer en force (avec l'appui des tribunaux français) pour convertir leurs « explorations » en exploitation.

- Quant au gouvernement français, il est en plein double langage. D'un côté il fait semblant de garder le cap de la loi Jacob. D'un autre côté, il écoute le Medef qui parle de plus en plus fort ; des élus préparent une nouvelle version – laxiste – de la loi ; et le ministère a recommencé depuis septembre à distribuer des permis d'exploration : l'un en Meurthe-et-Moselle, l'autre dans le Bas-Rhin.

- Parallèlement, la propagande du schiste se déverse dans les médias. Avec deux slogans : la nécessité de « rattraper les Etats-Unis sur le terrain du gaz de schiste », et les « 100 000 emplois » que créerait l'exploitation. Mais ce sont deux mensonges, explique l'économiste Thomas Porcher (Le mirage du gaz de schiste, éd. Max Milo), parce que : 1. la rentabilité du gaz de schiste baisse aux Etats-Unis ; 2. l'exploitation d'un forage n'emploie que peu de gens ; 3. la productivité de chaque forage est décroissante ; 4. il faut donc multiplier les forages à l'infini : 500 000 puits aux Etats-Unis à ce jour, ce qui explique que les opérations de forage aient paru créer 600 000 emplois là-bas. En France, il faudrait donc forer 90 000 puits pour créer 100 000 emplois ! En tout état de cause, souligne Porcher, la moyenne mondiale est de deux emplois pour 750 000 euros de production de gaz... L'argument social s'évapore.

- Sans compter les dégâts collatéraux des champs de forages : effondrement de l'immobilier et du tourisme, pollution des eaux, secousses sismiques, etc.

Mais en dépit d'un lourd dossier à charge, la classe politico-médiatique française pousse au gaz de schiste.

 

 

 

 

gaz de schiste

 

 

Commentaires

CAROTTE

> C'est la carotte habituelle: à chaque fois qu'on veut faire passer quelque chose de nuisible, on annonce des prévisions mirobolantes de créations d'emplois.

Il y a deux dangers malgré cette décision:
-le recours devant des instances européennes.
-la rétribution des communes par des taxes, ce qui fera saliver les élus locaux mégalomane, cette pathologie étant plus fréquente chez eux que dans la moyenne C'est ce qui se passe avec les éoliennes.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/10/2013

EAU POTABLE

> Ce serait surtout un crime de prendre le risque de polluer dans certaines régions les sources d'eau potable pour le restant de leur histoire. Même si la technique était propre et les forages bien faits, fracturer le sous-sol profond sur de grandes étendues peut avoir des conséquences à long terme et la multiplication des forages augmente le risque d'atteindre une faille. Et que deviendront les puits, le gaz qui ne s'est pas échappé, l'eau des nappes et le gaz en profondeur (ainsi que les produits enfouis non récupérés) une fois l'exploitation abandonnée ? Ce sera une véritable bombe à retardement. Sans compter l'effet de serre additif.
Non mieux vaut maîtriser les énergies de flux, en respectant toutefois les contraintes liées aux écosystèmes et au renouvellement de la ressource (Hydraulique, biomasse). Avec une optimisation des usages et une réduction des gaspillages, les énergies renouvelables peuvent grandement et durablement améliorer nos conditions de vie, comme ont pu le faire les fossiles... pour un temps !
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Écrit par : Airault Alain / | 17/10/2013

DISTILLAT

> Sans doute, cher PP, Mme Lauvergeon parle-t-elle de l’esprit comme on l’entend en parfumerie, comme produit de distillation, essence… A-t-elle du nez ? Vu sa prise de position, « Esprit de schiste », le parfum des pétroleuses (et néanmoins femmes « de tête »), devrait très bien lui convenir !
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Écrit par : Denis / | 17/10/2013

ARGENT

> A parler pétrole il faut toujours entendre argent.
Je m’explique.
Si l’estimation des réserves mondiales de pétrole ou de gaz fluctuent cela est dû au fait que l’on transforme immédiatement le volume disponible de ces matières premières en masse financière, les variations des quantités disponibles ne reflétant que leur rentabilité.
Plus le prix du cours du baril est bas plus les réserves exploitables diminuent car seules sont pris en compte les réserves dont le coût d’exploitation est inférieur au prix du marché, et plus le cours du marché s’envole plus les réserves disponibles augmentent car plus les gisements à coûts d’extraction élevés deviennent alors rentables.
Ainsi le gaz de schiste est bien un leurre financier, mais à réelles conséquences écologiques catastrophiques, car la rentabilité ne dépend que du prix du marché.
Ainsi toute méthode artificielle qui augmenterait le prix du baril de pétrole ou de la tonne de gaz, ne fusse, par exemple, par la guerre, dans les régions naturellement grandes productrices, présentera le gaz de comme une manne énergétique dont il serait stupide de se priver.
Ainsi l’exploitation du gaz de schiste me semble à double titre une erreur « contre l’esprit », d’une part en favorisant l’instabilité politique du Moyen –Orient dont les conséquences humaines seraient à prendre pour négligeables afin de maintenir, par « tous les moyens », un cours élevé des matières premières énergétiques rendant ainsi le gaz de schiste rentable, et d’autre part pour ses conséquences écologiques néfastes.
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Écrit par : Albert E. / | 17/10/2013

LEURS ÂNERIES

> C'en est fatigant, à force, d'entendre les mêmes âneries mensongères (ou leur déclinaison sur un registre qui ne manque pas de ressources, lui).

Le "monde marchand" auquel appartient cette Anne Lauvergeon n'a aucune retenue lorsqu'il s'agit de défendre ses intérêts présent ou à venir. L'esprit, chez ces gens-là, c'est l'argent, le bon argent, tintinnabulant et produisant ce doux bruit si cristallin et inégalable lorsqu'il s'en vient emplir leurs caisses !

Que le gouvernement socialiste - incluant quelques "écologistes" - en vienne à pactiser de fait et sournoisement avec les grandes compagnies pour qui aucune pollution ne résiste devant l'appât du gain, en dit long sur l'état de déliquescence de ce monde politique qui prétend nous gouverner et nous asséner des leçons de morale à tout bout de champ (pétrolifère ?).
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 17/10/2013

DE LUCRE

> Il y a crime et crime.
Bien d'accord avec Anne Lauvergeon, refuser l'exploitation du gaz de schiste serait un crime contre l'esprit... de lucre. Et l'autoriser un crime contre l'humanité.
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Écrit par : Barbara / | 17/10/2013

NOUS MOBILISER

> entièrement d'accord avec l'article et profondément indignée par ces projets absurdes et dangereux. Et quand commencerons-nous à résister vraiment, à nous mobiliser de manière active contre de telles âneries ?
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Écrit par : Christine L. / | 18/10/2013

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